Secrets de la coiffure féminine médiévale : entre modestie, symboles et créativité

Secrets de la coiffure féminine médiévale : entre modestie, symboles et créativité #

Influence de la spiritualité et du statut social sur la chevelure féminine #

L’omniprésence de la spiritualité chrétienne dans la société médiévale s’est traduite par une réglementation précise de l’apparence féminine. Le cheveu féminin était considéré comme un attribut de séduction à contrôler, et l’exposer constituait un acte aux implications morales et sociales fortes. Les jeunes filles bénéficiaient d’une relative liberté, pouvant montrer leur chevelure, alors que les femmes mariées voyaient leur chevelure placée sous l’autorité de l’époux, incarnant la dissimulation comme marque de respectabilité et de pureté.

L’Église catholique a joué un rôle décisif, imposant progressivement le port du voile à toutes les femmes mariées ou d’âge avancé. Cette prescription, officialisée dans de nombreux textes, s’est généralisée à partir du XIIe siècle. Le voile et la coiffe devinrent des instruments de distinction entre femmes libres, filles à marier et religieuses. Le prestige social s’exprimait aussi par la qualité des tissus utilisés – lin fin, soie brodée, parfois ornementée de perles ou de fils d’or pour la haute aristocratie.

  • Chevelure dissimulée : prescription religieuse pour marquer la pudeur et la soumission
  • Voile obligatoire : distinction entre femmes mariées, veuves, religieuses et jeunes filles
  • Qualité des accessoires : marqueur de la noblesse, mannequins royaux utilisant velours et soieries

Les incontournables : voiles, coiffes et couvre-chefs emblématiques du Moyen Âge #

Les couvre-chefs féminins du Moyen Âge s’imposent comme des objets d’étude à part entière, révélant une grande diversité de formes et de techniques. De la sobriété du voile simple porté au XIIe siècle à l’apparition tardive de styles spectaculaires, chaque pièce illustre à la fois les canons de la modestie et l’esprit d’innovation des femmes médiévales.

À lire Coiffures bohèmes irrésistibles pour un mariage cheveux mi-longs

On distingue plusieurs coiffes emblématiques :

  • Le voile rectiligne : porté le plus souvent en lin blanc, tombe sur les épaules, recouvre le front et la nuque, fréquemment utilisé par les dames de la cour et les femmes pieuses.
  • L’escoffion : création de la fin du XIVe siècle, il forme un turban épais, volumineux, souvent en velours, parfois garni de fils d’or et de pierres précieuses. Il marque la mode des têtes « en pain de sucre » dans la noblesse bourguignonne.
  • Le hennin : coiffe conique, emblème du XVe siècle, souvent associé à la Bourgogne. Il s’accompagne d’un long voile transparent ou coloré flottant à l’arrière, nécessitant une structure interne solide pour équilibrer la hauteur impressionnante.
  • Le bourrelet : sorte de boudin circulaire posé autour de la tête, parfois associé à des « cornes » ou orné d’un filet brodé. Très répandu chez les femmes de haut rang au XVe siècle.
  • Le wimple ou guimpe : pièce de toile recouvrant gorge et cou, particulière aux religieuses et aux dames d’un certain âge.

La technique d’attache ou de pose variait selon le rang. Certaines coiffes nécessitaient le maintien par des épingles, de minuscules rubans, voire des peignes d’os sculptés. Le raffinement des coiffeuses de cour était alors sollicité pour garantir la tenue parfaite durant banquets, cérémonies ou longues processions.

La chevelure dévoilée : styles réservés aux jeunes filles et rituels de passage #

L’affichage de la chevelure restait le privilège des jeunes filles, symbole d’innocence et de virginité dans toute l’Europe chrétienne médiévale. Les cheveux longs et non voilés incarnaient la disponibilité au mariage. Cette tradition, déjà attestée chez les Mérovingiennes (481-751), marquait la frontière avec la condition d’adulte.

Les tresses – simples, doubles ou quadruples – représentaient la forme la plus courante de coiffure pour les jeunes filles de la noblesse ou des familles aisées. Les rituels de passage étaient codifiés, le voilement solennel lors du mariage signifiant l’entrée définitive dans la communauté adulte. L’acte d’attacher ou de couvrir la chevelure devant témoins, ou l’offrande de mèches symboliques, figuraient parmi les étapes cruciales du passage du statut de jeune fille à celui de femme mariée.

À lire Coiffures bohèmes irrésistibles pour cheveux courts : inspirations et astuces modernes

  • Cheveux lâchés : signe de pureté autorisé aux jeunes filles jusqu’à l’âge du mariage
  • Tresses sophistiquées : ornées parfois de rubans de soie ou de perles dans les milieux aisés
  • Rituel de la coiffe : adoption de la coiffe devant l’assemblée, marqueur fort du passage à l’âge adulte

Beauté idéale et astuces médiévales : l’art du front dégagé et des soins capillaires #

Le modèle de beauté médiévale privilégiait un front haut et lisse, considéré comme l’un des attributs les plus nobles. Les femmes recouraient à des techniques d’épilation spécifiques, éliminant la racine des cheveux sur plusieurs centimètres, jusqu’à exposer parfois la moitié du crâne. Cette pratique, adoptée à la cour de France puis en Angleterre, visait à mettre en valeur le regard et affiner le visage.

Les soins capillaires s’inspiraient de recettes naturelles et d’astuces ancestrales. On utilisait, selon les documents d’époque :

  • L’application de cendres mélangées à du vinaigre, pour ralentir la repousse des poils et éclaircir la chevelure.
  • Le sang de chauve-souris ou de grenouille, recommandé dans certains traités médicaux du XIVe siècle pour « purifier » le front et éviter la repousse.
  • Les décoctions de camomille et de safran pour obtenir des reflets blonds ou dorés, particulièrement prisés à la cour de Bourgogne.
  • Des huiles parfumées – huile d’olive, de noix ou de noisette – appliquées sur les longueurs pour assouplir la fibre capillaire.

Cette recherche de la perfection esthétique se doublait d’un symbolisme religieux : arborer une beauté épurée, sans excès, devait témoigner de la vertu morale.

Les tresses et attaches : créativité discrète sous la coiffe #

Le tressage des cheveux, bien que peu visible une fois la coiffe posée, traduit une véritable créativité cachée. Les femmes ajustaient la longueur, la texture et la couleur de leur chevelure en fonction des contraintes sociales et du confort recherché. Les tresses étaient réalisées près du cuir chevelu, parfois enveloppées dans de fins rubans, puis roulées en chignon sur la nuque ou les tempes.

À lire Coiffures bohèmes irrésistibles pour cheveux courts : inspirations et astuces modernes

À la cour de Bourgogne et dans certaines régions d’Italie, la chevelure blonde ou rousse était particulièrement valorisée, la mode conduisant de nombreuses femmes à éclaircir artificiellement leur couleur naturelle – parfois au risque de provoquer des brûlures ou des cassures du cheveu.

  • Multiplication des tresses : doubles, triples, en épi ou en couronne, parfois nattées serrées pour tenir toute la journée.
  • Fixation des attaches : utilisation d’épingles d’os, de peignes sculptés ou de lacets de cuir dissimulés sous la coiffe.
  • Coloration recherchée : blond cendré et roux flamboyant artificiellement accentués avec des décoctions de plantes.

Ce souci d’esthétique intime, souvent réservé à l’entourage familial proche, démontre que l’inventivité féminine savait s’exprimer même sous le voile de la modestie imposée.

Coiffures extravagantes de la fin du Moyen Âge : audaces et influences étrangères #

Aux XIVe et XVe siècles, l’Europe occidentale découvre une vague d’exubérance capillaire portée par les cours bourguignonne et italienne. Les nobles rivalisent d’audace, faisant entrer sur la scène des coiffures monumentales telles que le hennin – cône vertigineux orné de voiles flottants –, les escoffions à bourrelets, parfois surmontés de cornes, et des filets d’or ou d’argent sertis de pierres précieuses.

Les matériaux employés se diversifient : velours brodé, tulle transparent, laine, métal précieux et pierreries procurent à la haute société une identité visuelle forte et contribuent à distinguer chaque cour princière. Ces coiffures, certes spectaculaires mais délicates à porter, nécessitent des structures internes sophistiquées et le soutien d’une main-d’œuvre spécialisée.

À lire Agencement de salon de coiffure : créer un espace signature et fonctionnel

  • Hennin bourguignon : cône élancé d’un demi-mètre, monté sur une armature en fil de fer, symbole de prestige à la cour de Philippe le Bon.
  • Coiffes à cornes : deux excroissances latérales soutenant voiles et résilles, popularisées par les dames italiennes.
  • Bourrelets et escoffions : cercles rembourrés, ornés de bijoux, utilisés pour soutenir les créations les plus imposantes.

La circulation des influences étrangères façonne ces tendances : motifs orientaux, techniques arabes de tressage, et goût pour les étoffes précieuses s’imposent dans les grandes villes telles que Bruges, Florence, ou Paris. Ce phénomène, loin d’être futile, traduit une affirmation politique et identitaire des élites. Nous trouvons dans ces extravagances l’expression d’un désir d’originalité, d’appartenance à un monde raffiné et cosmopolite.

Exces Coiff est édité de façon indépendante. Soutenez la rédaction en nous ajoutant dans vos favoris sur Google Actualités :